Une présence remarquable au septième artComédienne, vocaliste, danseuse, Carole Lokossou n’a pas eu besoin d’une transition pour devenir actrice de cinéma et de doublage. Elle multiplie ses talents. Elle bouge. Elle tourne…
Carole Akpé Lokossou. Ce nom ne passe pas inaperçu dans le circuit des arts de la scène au Bénin. Trentenaire, femme forte, elle entame son voyage dans l’univers artistique vers 1995. A pas de géant, elle marche sur la route et se découvre tout l’intérêt pour y demeurer. Carole Lokossou devient donc aussitôt une comédienne sollicitée. Assez sollicitée. Très même. Sans transition, le septième art la tente. Elle s’essaie à la chose. Au premier coup, ovation nourrie. Le jeu est plaisant. Le professionnalisme s’élève comme un arc-en-ciel.
Mais Carole Lokossou a son secret. Son secret mignon. Très tôt, elle s’est mise à chercher. «J’apprends beaucoup à partir de l’Internet. J’ai téléchargé des cours qui m’ont permis de savoir la différence entre l’acteur du théâtre et celui du cinéma.» Pour elle, il est difficile «au Bénin de dire à quel moment on passe du théâtre au cinéma».Carole touche à toutes sortes de personnage. Mais au cinéma elle est le plus souvent dans des rôles de femme de ménage. «Tout ce que la ménagère dit paraît anodin, idiot, mais ce sont des questions essentielles qu’elle pose. Elle n’a pas souvent droit à la parole. Alors, en jouant, j’ai le devoir d’imposer le personnage sans pour autant l’imposer au spectateur», commente Carole pour justifier l’importance de ce personnage. «Je suppose que mon profile s’y prête, poursuit-elle. Ça paraît ordinaire mais c’est un rôle assez difficile. C’est peut-être mon rêve de réussir à être une femme».Mais femme, Carole Lokossou l’est. Mieux, épouse au foyer. Barnabé Affougnon, son conjoint témoigne: «Carole est une femme exceptionnelle et une vraie mère. Elle donne beaucoup aux enfants et aiment particulièrement notre fille. Elle communique énormément avec la petite comme sa sœur, malgré ses occupations professionnelles».La passion de l’artiste pour le foyer est effectivement pareille pour l’art. Noël Vitin, directeur adjoint du Centre culturel français de Cotonou connaît assez bien son parcourt artistique. Il atteste: «Carole fait partie de certaines catégories de comédiens qui ont commencé le théâtre par passion. Ils ont un engouement à la recherche».Cette soif à la recherche continue d’habiter l’actrice. En témoigne son séjour deux semaines durant dans une école de non voyants afin d’incarner un personnage aveugle dans un film. «Pour avoir le regard éteint, on regarde avec ses oreilles. C’est ce que j’ai acquis dans cette école. Des aveugles sont venus voir le spectacle et l’ont tellement compris qu’ils en ont pleuré».En plus, depuis quelques années, elle fait partie des boursiers du Centre de formation et de recherche théâtrales arabo-africain en Tunisie. Majore de sa promotion, elle vient de terminer un cycle consacré au jeu d’acteur qui se décline en trois degrés. Entre autres, les limites de l’acteur. Il s’agit de tout savoir sur le corps, de connaître les endroits de faiblesse et de force dans l’organisme. Ensuite, la relation de l’acteur à sa voix et à son corps. Par exemple, le corps d’une actrice n’est pas celui d’un acteur. Elle annonce déjà son entrée dans un cycle suivant
Zouhour Harbahoui, journaliste à «Tunis Hebdo» reconnaît aussi les talents de l’actrice béninoise Carole Lokossou. Elle affirme: «J’ai trouvé Carole très professionnelle. Elle mettait tout son coeur dans la formation, même en étant enceinte. C’est une femme qui en veut et qui sait ce qu’elle veut.».
Fortuné Sossa