Il était une fois et mon conte roule
Mon conte roule et va vers des contrées où la vie a pour coutume
De battre le Tamtam de l’existence
Mon conte roule et vient chercher refuge au creux de la case de Gbodja et Tété.
Gbodja et Tété sont jumeaux,
Nés le même jour, du même œuf, du même ventre, de la même maman
Malheureusement pour les jumeaux,
Leur maman est morte en leur donnant la vie.
Gbodja et Tété ont vécu toujours ensemble depuis leur enfance sous la protection leur papa Hotoh.
Ils ont toujours mangé ensemble,
Ils ont toujours joué ensemble
Ils ont toujours dormi ensemble jusqu’ ‘au jour où le destin rattrapa tété et faillit la séparer de son frère jumeau
Un jour, un matin ordinaire, Hotoh, le papa des jumeaux décida que Gbodja était assez grand pour commencer l’école ;
Tété, naturellement pensait qu’elle devait aussi y aller
Mais son papa se hâta de la détromper
Tu es une fille Tété ! Tu ne peux pas aller à l’école !
Si tu y vas, Qui va faire la cuisine ?
Qui va tenir la maison propre?
Tu sais très bien que ta mère ne vit plus !
Tété pleura longtemps
Elle pleura tant et si bien qu’elle tomba malade avant la nuit.
Hotoh, perturbé par la réaction de sa fille, alla se coucher en regrettant une fois de plus la disparition de sa femme !
Si Honon était encore là, elle aurait pu m’aider à prendre une décision.
Je ne veux que le bonheur de ma fille !
Mais je sais que ce bonheur ne se trouve pas à l’école où elle n’a pas sa place.
Hotoh s’endormit avec ses contradictions. Au plus profond de son sommeil,Honon
La mère des jumeaux lui apparut et lui demanda de laisser Tété aller à l’école. Hotoh surpris réagit ;
Mais Honon, tété est une fille ;
Elle ne peut pas aller à l’école !
Sa femme lui demanda doucement :
Hotoh, Est que tété est ta fille ?
Oui Honon !
Est-ce qu’elle a le droit de compter sur toi pour son éducation ?
Oui Honon !
Alors, pourquoi veux-tu lui ôter des chances de s’épanouir ?
Écoute-moi bien Hotoh !
Pourquoi veux-tu utiliser un bras alors que tu en as deux ?
Pourquoi veux-tu diminuer les chances de ta famille de grandir ?
Et de se développer ?
Hotoh ne commets pas une erreur grave !
Pense à toi mais pense aussi à tes enfants
Pense à leur complicité, à leur vie future.
Pense à la formidable synergie qui naitrait dans ta maison si Tété et Gbodja avaient tous deux la chance d’aller à l’école
Hotoh, retiens ceci ! l’oiseau ne vole pas avec une seule aile
L’oiseau anime la vie dans le ciel
Car non seulement il a deux ailes,
Mais il utilise les deux ailes pour voler.
Penses-y Hotoh ! Penses y fort !
Le lendemain, le papa se réveilla tout heureux d’avoir la réponse à sa question
Il décida que les deux enfants iraient à l’école
Aussitôt dit aussitôt fait
Tété alla à l’école avec Gbodja
Aujourd’hui, Tété et Gbodja sont grands.
Ils ont fait de belles études.
Gbodja est devenu médecin
Tété est devenue pilote d’avion
Elle travaille dans un milieu masculin mais a su y imposer le respect pour sa personne
Grâce à son talent et à son travail rigoureux.
Parfois, quand elle survole le ciel
Elle pense à l’histoire de l’oiseau qui ne peut voler sans ses deux ailes.
Alors, avec toute la gratitude de son être, elle murmure ;
Merci papa, merci de m’avoir permis d’exister au plein sens du terme !
Et le vent, témoin invisible de ces mots,
Ramène cette douce gratitude aux oreilles de Hooto
Qui à son tour dit merci à Honon de lui avoir ouvert les yeux très tôt !
Chers amis, voici le conte de Gbodja et tété qui ont finalement gagné le pari d’aller à l’école grâce à l’amour paternel et maternel
Tété aurait pu ne jamais aller à l école
Et Hotoh aurait perdu une béquille, un soutien sûr pour leurs vieux jours
Tété aurait pu rester à la maison
Et son pays aurait perdu un cadre sûr, un maillon important de son développement
Et le secteur du transport aérien aurait perdu une valeur ajoutée
Et une belle bêtise aurait été faite !
Je ne suis pas une donneuse de leçons
Je ne saurais même l’être
Mais je sais une chose Je suis et demeure convaincue d’une réalité :
Je sais que l’oiseau ne vole pas avec une seule aile
Une nation qui veut se développer ne saurait pousser, instruire, donner ses chances à une seule catégorie de personnes et laisser l’autre catégorie végéter dans l’ignorance
Le monde ne peut évoluer que si l’homme et la femme travaillent main dans la main
Avec les mêmes chances pour tous à la base.
Les mêmes chances dans les moments de douleur
De peine, De joie, Mais aussi de compétition.
prenons conscience que
Nous sommes parents d’enfants garçons
Mais aussi d’enfants filles !
Cultivons chez eux l’égalité entre filles et garçons
Amenons les à réaliser que
il était une fois, une fille et un garçon
Et que sans eux, deux, le monde ne serait plus.
Carole LOKOSSOU
Octobre 2008